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ENVIPROV

Engagé depuis 2021 et piloté par le CIVP  (Conseil interprofessionnel des Vins de Provence), le projet ENVIPROV vise à accompagner la filière vers les enjeux environnementaux et coordonner les actions. L’analyse de cycle de vie est le pilier principal du projet pour évaluer l’impact environnemental sur l’ensemble de la filière afin de prioriser les actions à mettre en place. Ce diagnostic est le premier en Provence, dont les résultats présentés ici permettent d’établir un état des lieux et de cibler les actions.

 

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Diagnostic environnemental de la filière : les résultats

L’analyse de cycle de vie

La filière des vins de Provence a réalisé en 2022 une analyse de cycle de vie (ACV) de l’ensemble de la production dans le but de quantifier ses impacts environnementaux, du raisin à la bouteille.

Comme une sorte de bilan carbone élargi, l’ACV devait permettre de quantifier au niveau du vignoble l’impact environnemental potentiel des activités de la filière, depuis le travail à la vigne jusqu’à l’ultime étape de la mise en marché.

La collecte des données a été réalisée auprès de 27 entreprises représentatives du vignoble : des caves particulières, des caves coopératives et des maisons de négoce recouvrant différents modes de production (HVE, agriculture biologique, agriculture conventionnelle), et différentes tailles de structure.

Le choix d’une ACV plutôt qu’une empreinte carbone permet d’approcher la complexité des impacts environnementaux qui ne se limitent pas qu’au carbone.

L’approche ACV permet en effet d’adopter une démarche méthodique en ciblant les étapes du cycle de vie les plus impactantes et les catégories d’impact sur lesquelles travailler en anticipant les éventuels transferts de pollution (exemple : on diminue l’empreinte carbone mais on augmente d’autres sources de pollution).

Les impacts environnementaux

L’étude s’est concentrée sur huit grandes problématiques, particulièrement critiques pour la filière viticole et/ou correspondant à des limites planétaires qui ont été dépassées selon le GIEC :

  • le changement climatique (émission de CO2)
  • la pollution aux particules fines
  • l’eutrophisation des eaux marines (émission de phosphore dans l’eau)
  • l’eutrophisation de l’eau douce (émission de nitrate dans l’eau)
  • l’écotoxicité de l’eau douce (pesticides)
  • la consommation d’eau (m3 d’eau utilisée)
  • la consommation de ressources énergétiques (kJ d’énergie utilisé)
  • la consommation de ressources minérales et métalliques

L’étape la plus impactante sur l’ensemble des problématiques environnementales est, sans équivoque, la production de bouteille en verre.

À titre d’exemple, cette étape de production représente 42% des émissions de CO2 de la filière à elle seule, contrairement à l’utilisation d’intrants viticoles (engrais), l’expédition de vins ou encore la consommation de carburant à la vigne, représentant respectivement 16%, 11% et 6%.

L’impact de la production des bouteilles de verre est significatif sur l’ensemble des huit problématiques. Elle constitue une étape clé à travailler.

La production de bouteille en verre représente 42% des émissions de CO2.

Les autres postes identifiés sont les suivants : expédition du vin, émissions d’azote et de phosphore dans l’eau à la vigne avec les intrants, traitement des ceps arrachés, consommation d’eau et d’énergie au chai, fabrication et application des produits phytosanitaires, fabrication de matériel ou encore l’irrigation.

Identifier les actions clés à mettre en place

L’intérêt de réaliser ce diagnostic est de pouvoir identifier les étapes clés avec un potentiel de réduction des impacts les plus importants pour réaliser des actions efficaces et ciblées.

À titre d’exemple, si le stockage de carbone dans le sol peut avoir de très nombreux bénéfices, il ne compense qu’à hauteur de 10% les émissions de carbone de la filière et reste difficile à faire varier. Le potentiel de stockage supplémentaire n’est que de quelques pourcents.

Si l’on souhaite diminuer significativement ses émissions de CO2, tout en diminuant d’autres impacts, le réemploi de la bouteille et son allégement sont des actions efficaces. En effet, diminuer de 10% le poids de la bouteille, accessible pour la filière, réduit de 5% les émissions carbone globales. La solution du réemploi peut réduire de manière drastique les émissions (jusqu’à -30%) mais reste un défi à mettre en place sur un territoire.

« On ne compense pas les émissions de carbone de la production de verre par le stockage dans les sols. »

La gestion durable des sols reste néanmoins un levier très intéressant car transversal.

En régénérant la santé des sols, on réduit l’ensemble des impacts : stockage CO2, rétention et assainissement de l’eau, diminution de l’érosion, diminution des intrants et passages, sans compter l’augmentation de la biodiversité (indicateur absent dans l’étude). La couverture végétale, les apports organiques et l’optimisation du travail du sol sont les piliers d’une gestion pérenne.

D’autres actions en complément des précédentes ont été identifiées comme prioritaires : la réduction de la consommation d’eau au chai et à la vigne, intégration de variétés résistantes aux maladies ou l’écoconduite. L’ensemble de ces actions a fait l’objet de fiches technico-économiques.

Des indicateurs pour engager des actions

Mais par où commencer ? C’est la question que l’on peut se poser face à la multitude des enjeux et la complexité des actions. Dans un premier temps, l’objectif est d’identifier à son échelle les leviers avec un fort potentiel et prioriser les actions. Pour cela, l’étape essentielle est d’évaluer ses pratiques à partir d’indicateurs.

L’étude ENVIPROV a permis de calculer des premiers indicateurs avec des références locales accessibles pour les adhérents. L’intérêt de ces différents indicateurs est d’évaluer sa marge de progression à partir de données acquises en dans le vignoble.

Si certains indicateurs sont complexes à acquérir comme les émissions carbones, d’autres restent très accessibles et efficaces. Vous pouvez facilement réaliser un premier état des lieux en comparant les données suivantes à vos références :

Pour la suite, le Syndicat travaille à renforcer la robustesse de ces indicateurs et à en développer de nouveaux (sol et biodiversité notamment) pour permettre de mieux piloter et progresser.

L’ensemble des résultats de l’étude ainsi que les fiches technico-économiques et les indicateurs sont à retrouver ici :

Témoignage

Phillipe BREL, Directeur Général de la Coopérative Estandon, qui a participé au projet ENVIPROV en 2021.

Vous avez réalisé une ACV à la Coopérative Estandon dans le cadre du projet ENVIPROV, qu’est-ce que vous a apporté cette étude dans votre entreprise ?

Cette étude a complété utilement notre Bilan Carbone qui était réalisé en parallèle. En évaluant notre impact sur les principales limites planétaires, elle nous oblige à développer une vision systémique de ses impacts.

Différentes démarches environnementales ont déjà été engagées dans votre entreprise, cette étude conforte vos actions ou modifie-t-elle votre plan ?

Elle nous conforte dans la nécessité d’avoir un projet global de réduction de nos impacts. Nous devons choisir à présent des outils de collecte en continu de nos données, afin de piloter nos trajectoires et d’en rendre compte à nos parties prenantes. Ces outils devront nécessairement prendre en compte toute notre filière, de la vigne au consommateur. C’est un des points forts de la méthode ACV.

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