Quel avenir pour les Côtes de Provence en europe ?

Quel avenir pour les Côtes de Provence en europe ?

En une dizaine d’années, les rosés de Provence ont connu une progression fulgurante à l’export, en particulier aux États-Unis. Et le vieux continent offre aujourd’hui de nouvelles perspectives.

UNE MUE S’OPÈRE DEPUIS 2 ANS

En Europe, sur des marchés mûrs globalement stables, une mue s’opère depuis deux ans. « Une barrière prix a sauté. Les rosés de Provence ont réussi à s’imposer en grande distribution à des prix valorisés. Là où l’on exportait à moins de 4€ la bouteille en prix départ cave, on est par exemple aujourd’hui à 4,60 € la bouteille au départ pour l’Allemagne, où l’on progresse de 15% en volume et 20% en valeur sur 2020, et 4,90 € vers le Royaume-Uni où l’on fait +50% en volume et en valeur l’an dernier », indique Brice Eymard, directeur du conseil interprofessionnel des Vins de Provence.

« UNE BARRIÈRE PRIX A SAUTÉ.
LES ROSÉS DE PROVENCE ONT RÉUSSI À S’IMPOSER EN GRANDE DISTRIBUTION À DES PRIX VALORISÉS »

CONFIRMATION DE LA TENDANCE PAR AGREXCONSULTING

Le CIVP a voulu cerner ces évolutions, via une étude sur le potentiel valorisé de 7 marchés représentant 34% des volumes exportés en 2019 : l’Allemagne, la Belgique, le Danemark, la Finlande, les Pays-Bas, le Royaume-Uni et la Suède. Les résultats confirment une tendance de fonds. En Allemagne, une partie de la consommation s’oriente sur des vins valorisés et le potentiel reste bon au Royaume-Uni, malgré le Brexit et la crise sanitaire. Les Pays-Bas sont une autre bonne surprise. Les rosés de Provence y ont déjà progressé de 45% en volume et 50% en valeur en 2020. « C’est un marché très attaché au prix, où le consommateur est désormais prêt à payer plus pour avoir ce qu’il veut », relève Benoît Bechet, en charge de l’étude réalisée par Agrex Consulting. « Les autres marchés scandinaves sont aussi intéressants, ce sont des marchés qui payent, et on peut y développer des relations de longs termes », précise-t-il.

« Sur les différents marchés étudiés, la Provence, référente dans le monde sur le rosé, a une place d’exemple à occuper sur les segments valorisés », résume le consultant. Dans cette perspective, la qualité est un pré-requis incontournable. Le prix, à la fois gage qualitatif et opportunité, mais aussi l’image et le volet environnemental qui monte en puissance, sont autant de critères à travailler en fonction des pays ciblés.
L’objectif pour les Vins de Provence est ainsi de développer et pérenniser le segment rosé, en maintenant ou en affirmant davantage encore leur positionnement premium. « Avec la diversification de nos destinations à l’export et la concurrence, on ne sera pas le rosé le plus vendu mais il faut être le plus connu, avec la meilleure image. Les marchés et les consommateurs sont là, il faut aller les chercher », conclut Brice Eymard.

CE QU’ILS EN DISENT…

Progression accélérée au Royaume-Uni

« Nous travaillons au R.U. avec un importateur qui distribue à la fois en CHR et en GD et pour lequel nous faisons de la personnalisation sur mesure. On est sur des vins de qualité. Le marché anglais est monté en puissance progressivement, avec une accélération ces deux dernières années. On y expédie désormais 250 000 cols sur l’année, soit un tiers de nos exportations. Le confinement l’an dernier a légèrement freiné la croissance mais c’est reparti et le Brexit n’a rien changé. Nous sommes confiants. »

Une conjonction de facteurs à l’œuvre

« L’Europe se développe davantage depuis la crise du Covid et on voit des marchés de prix se tourner vers le premium. Les Européens qui ne peuvent plus venir en Provence consomment nos vins chez eux. Le travail de promotion fait par le CIVP et par de gros opérateurs porte aussi ses fruits. Sans oublier l’effet du réchauffement climatique dans des pays où il y a plus de soleil et donc plus de moments propices au rosé. Cette conjonction de facteurs ouvre de belles perspectives, et c’est encourageant. »